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Voici un petit guide pour construire votre butte en lasagne afin d’y planter quelques légumes perpétuels et accroître ainsi votre autosuffisance alimentaire. Nous aborderons également les enjeux d’avenir liés à ces questions d’alimentation.
Labourer, semer, cultiver, récolter, … Le rituel annuel du jardinier-paysan est le même depuis des millénaires. Au-delà de la passion du jardin, du travail acharné et aux résultats satisfaisants, des techniques existent permettant de cultiver sur le long terme. C’est le cas des légumes vivaces dits aussi perpétuels, c’est-à-dire issus de plantes qui produisent toute l’année et d’une année sur l’autre.
Qu’est-ce qu’une butte de culture ?
Pratique très ancienne, la culture sur butte consiste à créer des monticules de terre pérennes destinés à recevoir différentes plantes. Ces buttes peuvent avoir des formes et des compositions variées, une butte étant généralement de grande taille.
Ces espaces de culture sont définis et restent permanents (son emplacement reste le même d’une année sur l’autre). Les buttes sont semées et implantées tous les ans ou sont plantées de légumes perpétuels.
N’hésitez donc pas à planter oseille, épinards perpétuels, chou, chervis, rhubarbe, topinambour ou oignon. Vous n’aurez également que l’embarras du choix en plantant ail des ours, artichaut, céleri, roquette, sariette, raifort, etc.
Avantages et points de vigilance
La butte ne manque pas d’avantages pour le jardinier. En substance, la productivité augmente car la surface cultivée est petite mais dense, avec une association de différentes plantes et légumes ; les soins aux cultures et à la terre sont concentrés sur une même surface et s’accumulent d’année en année ; le sol devient plus fertile et la vie revient ; le paillage et la hauteur facilitent le désherbage, …
Cependant, notez que la construction d’une butte est un travail très physique lorsque l’on part d’un sol non cultivé et qu’elle n’est pas très adaptée à certaines cultures comme les pommes de terre ou les courges.
Abordons maintenant la question de l’autosuffisance alimentaire et de nos légumes perpétuels, étroitement liés aux enjeux d’avenir que sont nos modes de vie, de consommation et d’alimentation.
Locavorisme, circuit court… le monde de demain est déjà là
L’autosuffisance alimentaire est la capacité pour un pays ou un territoire de subvenir aux besoins de sa population en produisant lui-même les ressources alimentaires. Le locavorisme est ce mouvement né depuis une vingtaine d’années qui prône la consommation de nourriture produite dans un rayon restreint, le fameux « circuit court », dont les bienfaits sont facilement identifiables : développement de l’économie locale et maintien des populations sur place, consommation de produits frais et de saison, réduction de l’empreinte carbone, limitation du gaspillage et diversité accrue sur le territoire. Même si l’Ademe reste mitigée en matière d’impact sur l’environnement concernant les circuits courts, les jardiniers, eux, ont depuis longtemps adopté le « fait maison ».
Alors pourquoi cette question de l’autosuffisance alimentaire revient-elle dans les débats au même titre, par exemple, que les questions de souveraineté énergétique suite à la guerre en Ukraine ?
L’agriculture dans tous ses états
Avec les crises économiques, sanitaires ou politiques que le monde a essuyé ces dernières années, nous prenons conscience de la fragilité de notre environnement mais également de notre mode de vie, à commencer par l’un des postes les plus cruciaux à notre survie : notre alimentation.
Quelques chiffres vont rapidement donner le la en matière de consommation alimentaire : la France compte environ 30 millions d’hectares de terres agricoles (source : Assemblée nationale), ce qui représente la plus grande surface en Europe de terres cultivées. Et pourtant, selon une étude du cabinet de conseils Utopies, en 2017, le degré moyen d’autonomie alimentaire des 100 premières aires urbaines était de… 2 %. Ce qui signifie que 98 % de l’alimentation d’un nombre conséquent de Français sont issus d’autres régions ou d’autres pays.
Le monde paysan entre en mutation, bon ou mauvais signe ?
Côté palmarès, concernant les produits agricoles et agroalimentaires, la France s’est classée, en 2019, dans le top 10 des pays exportateurs de produits bruts et dans le top 5 des produits transformés.
Mais, concomitamment à une santé commerciale plutôt bonne (surtout pour les vins et les céréales, les autres filières étant sur une balance souvent négative), la France a perdu plus de la moitié de ses agriculteurs entre 1980 et 2020. Et des 400 000 restants aujourd’hui, nous pourrions n’en compter que 200 000 d’ici 2030. En effet, selon l’Insee, 55 % des agriculteurs avaient 50 ans ou plus en 2019 et seront donc en âge de partir à la retraite en 2030. Comment cette mutation du monde paysan va-t-elle se matérialiser dans nos modes de vie ? Difficile à dire, mais les consommateurs que nous sommes vont devoir s’adapter aux changements futurs qu’ils soient nationaux ou planétaires. Les jardiniers travaillent déjà à cette adaptation et au développement de l’autoconsommation alimentaire.
Quelques ressources
- L’autosuffisance alimentaire des villes, utopie ou réalité, La Fabrique écologique.
- L’agriculture urbaine est en plein essor, Reporterre